Maîtresse des vents

The Beguiling of Merlin (Detail). Edward Burne-Jones Oil on canvas, 1874
This image is courtesy of the Art Renewal Center.

La fée Morgane

En 1149, Geoffroy de Monmouth, évêque et historien gallois, familier du monastère de Glastonbury, fait apparaître la fée Morgane avec son livre « La vita de Merlini », un poème en hexamètres, en langue latine. Fée, magicienne, elle connait le secret des plantes et pratique la médecine, elle est libre, puissante, envouteuse, luxurieuse, elle sait voler comme un oiseau, exceptionnelle est sa beauté, elle règne sur Avalon, l’île des fruits, l'île aux pommiers, avec ses huit sœurs, elles-mêmes magiciennes: Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoe, Thiten, Thiton.

"That is the place where nine sisters administer genial rule over those who come to them from our homelands, and the first of them is the more learned in the art of healing, and her beauty exceeds that of her sisters. Her name is Morgan and she had learned what the use is of every kind of plant in curing the weaknesses of the body. She also knows the art of changing her appearance and of flying, like Daedalus, through the air on curious wings."

"Lîle des Pommiers, c'est là que neuf soeurs gouvernent par une douce loi et la font connaître à ceux qui viennent des régions proches, de ces neuf soeurs il en est une qui dépasse les autres par sa connaissance et sa beauté. Son nom est Morgane, elle connait toutes les plantes et enseigne l'art de la guérison. Elle sait aussi changer d'apparence et voler dans les airs, comme Daedalus, avec des ailes très particulières."

La vita de Merlini (Le texte en latin)

Dans d'autres textes, l'image de la la fée Morgane est également (encore) positive, chez Chrétien de Troyes (Erec et Enide, Yvain le Chevalier au lion) elle guérit son frère ainsi qu’Yvain et Lancelot ; chez Wace (le Roman de Brut) et dans La Morte d'Athur, Morgane emmène Arthur sur l’île d’Avalon pour le soigner de ses blessures (épisode déjà présent dans l’Historia Regum Britanniae).

A partir du XIIIe siècle sa présentation se dégrade, son image se trouble, elle devient une fée méchante et haineuse, si dans La Morte d'Arthur de Malory elle est guérisseuse et prend soin d'Arthur, Malory la présente également comme "sorceresse and wytche".

Le conflit entre le monde celte (celui des druides et des fées, avec leurs pouvoirs qualifiés de surnaturels) et la religion chrétienne s'installe et s'étend peu à peu. La compétition entre les vieilles croyances celtiques et la religion catholique sourde. Avec la main-mise progressive du catholicisme sur tous les pans de la société féodale, les croyances celtes sont assimilées à des survivances de cultes idolâtres : les fées sont intégrées à la foule des démons, elles sont satanisées, Morgane est diabolisé, les fées deviennent des sorcières, elles ne sont plus que des mortelles qui ont acquis leur art magique par des moyens pas très orthodoxes!

La fée présentée comme sorcière est la prêtresse de cultes sataniques, l'organisatrice d' orgies, d'infanticides et de maléfices. l'Inquisition catholique conduira à la chasse aux sorcières, et dans les minutes des procès, le terme d'herboriste reviendra fréquemment pour désigner les femmes dites « sorcières », c'est à dire pour désigner le corps, la sexualité, le mal, pour désigner des possédées de Satan! Les grandes périodes inquisitrices (début du XVIe et seconce moitié du XVIIe) peuvent être entrevues comme des campagnes de répression de la sexualité.

Et la sorcière fut…
En six siècles d’Inquisition, on a compté des centaines de milliers
de torturés, brûlés ou étranglés


Morgane, ce que vous ignorez d'elle…
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